mercredi 7 avril 2010

un continent de dominos

la porte de l’alignement était ouverte comme la première fois et ce comme une pose il fallait donc toujours que les dominos fussent comme d’autres et au dessus de l’ivoire les mains jaunes tournaient lentement cherchant le nombre comme la première fois à moins que ce ne fut plus tard et il pensait à des points tournoyant au bas de l’axe il pensait à leur ombre une ombre très fine qui n’était pas une ombre de mains mais une ombre d’alignement il vit des points prés de l’axe un ivoire jaune ainsi que des mains au-dessus de la table quand il n’y a rien d’autre que le claquement jaune qui souffle de ce côté les dominos donnaient sur d’autres dominos et dans ces dominos aux points pareilles se fermeraient des yeux jaunes c’était l’heure quelque part dans le couloir de l’alignement claquaient les dernières poses sur la table et ces claquements d’ivoire étaient comme des claquements de doigts et quelque part dans l’alignement au-dessus ou en-dessous parfois une main tombait à plat se brisait il regardait du côté du double six les pieds de la table avaient été surélevés seules ses mains dépassaient comme la première fois il les vit se poser survolant à très basse altitude la géographie défaite de l’alignement qu’il ne voyait plus ses doigts tâtonnaient à l’emplacement des points descendre de chaque côté du domino les phalanges légèrement courbées et maintenant fragiles détachées de l’ivoire qu’il détaillait sans mesurer l’étrange vide qui les en séparait désormais il les vit hésiter autour d’un point ne sachant si elles devaient se poser ou seulement voleter au-dessus de l’axe ouvert une goutte de sueur glissait le long de l’index
Comme lui se disait-il à lui-même un domino derrière le comptoir quand il demande au nombre ce qu’il voulait l’axe n’a pas sourcillé avec lui rien ne refuse de s’aligner il se prend pour un point ne répond pas quand il veut en poser davantage il n’ajoute rien non plus ou bien un nombre comme eux sur la table où il s’est perché il ne voit pas l’alignement il se redresse son regard atteint des reflets sur l’ivoire il tourne la tête voit ce qui se passe dans un point il n’y fait pas attention les points ça attire les nombres les mains le laissent s’y cacher il aime bien regarder quand les points ne le voient pas
L’une des faces est sortie de la main pour demander quand il aligne il s’adressait à l’index les autres doigts se sont redressés à leur tour ensemble ils ont regardé le domino comme si ils n’avaient plus que deux yeux en face des points à eux tous se sont consultés du regard c’est alors qu’ils ont vu le double un dans l’ivoire un peu gênés soudain l’axe a dit pas maintenant il n’y a pas de pose il a vu ses yeux mais pas de noirceur dans son regard peut être que ça l’arrangeait au fond il s’emplit de nombres domino pilé et tessons d’ivoire de l’autre côté de l’axe il disait ça sent l’écume de point il s’en souvient il n’avait pas encore respiré le domino sur la table ni l’odeur des doigts et c’est peut être injuste parce que le domino dans sa mémoire comme dans le bois de table autour du trou d’un point et devant où l’on pose comme une coulure jaune ivoire et qu’il tire un nombre comme d’autre vont à la chasse aux points et derrière l’axe les tuyaux c’est plus foncé encore il ne sait pas si c’est du goudron ou quelque chose comme ça dans le point aussi et c’est bien là que ça sent quand il pose son nez contre l’encolure du domino il sent son parfum et le claquement qui bourdonne autour
Il s’est expliqué à lui-même en posant il s’explique toujours quand il aligne des dominos comme ceux-ci à cause des points peut-être il a remarqué que les nombres le grandissent ah les dominos que personne ne voit les faces dorment sur la table des faces qui sortent du bois les yeux morts ou plutôt jaunes couleur de l’ivoire et dans les doigts les dominos qui dorment complètement jetés au comptoir la face qui n’était qu’un axe a repris qu’il voudrait bien voir comme un double un voit ça ces poses il les a répété plusieurs fois il a dit paumes tendues une tournée d’alignement un claquement creux ou plat il ne sait pas pourquoi leur points sont différents surtout il a touché sous leur ventre il a sacrément tiré dessus leurs nombres roulaient sur le comptoir prés de ses mains jaunes les paumes se plissent les dominos se frottent les uns aux autres au comptoir serrant d’un coup sec leur axe les doigts sursautent il reprend en pinçant les bords puis se retrouve à quatre pattes sur le goudron d’un point qui tombe tôt maintenant sur la table un seul nombre à la main peut-être cherchait-il à aligner sur le sol à moins qu’il ne cherche un autre point puis il sent ses mains sur la face qui saigne presque noir comme la cuvette d’un point où bientôt il rince un nombre et ce qui est noir fait plus de bruit que tous les dominos réunis

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